mercredi 24 octobre 2012

Reugny : Le Château de la Vallière

Une fois marié à Marie Testu, Laurent le Blanc ("Coupé d'or et de gueules, au lion léopardé, coupé d'argent et de sable, langué de gueules et couronné d'argent") chercha à acquérir une seigneurie, tout en se rapprochant de son oncle Jean le Blanc, qui possédait le fief de la Gasserie, et il jeta les yeux sur la terre de la Vallière, située à quelques kilomètres de celui-ci ; aussi, lorsqu'à la requête de René de Bastarnay, seigneur du Bouchage, une saisie fut opérée sur les biens de René Morin de Pardillon, seigneur de la Vallière, il profita de l'occasion et se rendit acquéreur, le 5 septembre 1542, de la maison seigneuriale, du fief et de la seigneurie de la Vallière. Le 19 novembre, il en prit possession.
En 1901, pour la société archéologique de Touraine, M. l'abbé Bosseboeuf décrit les différentes étapes de la construction du pavillon du XVIe siècle  "qu'il a visité en détail, grâce à l'obligeance de Mme la comtesse de Montessuy et de son intendant M. Belamy. [...] Après que Laurent Ier eut acheté ce domaine en 1542, il construisit un logis dont il reste un corps avec pavillon élevé et, 
sur la façade de la cour, l'escalier auquel plus tard on a ajouté un autre couronnement. Cette seconde partie, à l'extérieur et à l'intérieur, offrait les caractères du milieu du XVIe siècle.
De la décoration des salles il demeure, au premier étage, une grande cheminée ornée d'une peinture murale qui mérite à tous égards de fixer l'attention. Une scène de plein air représente la petite cour d'un gentilhomme de province. 
Le seigneur est assis tourné vers la gauche et ayant près de lui, debout, sa femme et une personne de condition inférieure, qui peut être sa nourrice. 
La droite est occupée par un groupe de femmes dont deux, en costume de paysannes, sont occupées à filer, tandis que les autres, chambrières ou suivantes, travaillent à différends ouvrages domestiques. Au milieu d'elles, inoccupée et tenant un chien, est une jeune fille à la mise distinguée et dans un attitude de coquetterie. 
Elle paraît visée par la flèche d'un Amour qui se tient sur la gauche du tableau, sous un arbre, et lance un trait comme au travers d'un cible. 
[...] Le seigneur, en brillant costume de gentilhomme avec vêtements à crevés et toque de velours à la Charles IX, paraît être le châtelain de La Vallière assisté de sa femme, également vêtue de riches habits. En 1569, Jean Le Blanc, fils aîné de Laurent Ier, épousa Charlotte Adam, et, à cette occasion, l'on aurait peint, en souvenir du mariage, cette scène où figure au premier plan le futur héritier de La Vallière avec sa jeune épouse ; l'attitude, l'âge, le costume et les divers détails, tout s'accorde bien avec cette explication. En se plaçant à ce point de vue, dans la toute jeune fille coquettement assise à la place d'honneur au milieu des filles du château, peut-être pourrait-on voir Marie Adam, soeur de Charlotte, que Laurent II, frère cadet de Jean, devait épouser quelques années plus tard et dont la physionomie offre des traces de ressemblance avec son aînée.
À quel peintre attribuer ce sujet dans lequel on a soigné les moindre détails et dont les figures sont pour la plupart des portraits ? A l'époque dont il s'agit, Jacques Adam, beau-père de Jean Le Blanc, était maître d'hôtel de la reine, et Jean lui-même occupa la charge de maître d'hôtel du roi et de Catherine de Médicis. Or, on se souvient que le célèbre peintre tourangeau, François Clouet, fut également valet de chambre du roi. Comme le caractère du tableau, la facture des costumes, l'exécution serrée et fine des figures sont bien dans la manière du grand artiste, on peut croire que les relations intimes liées à la cour ont déterminé le Maître à faire cette décoration bien propre à flatter les puissants seigneurs de la Vallière." 
En 1578, Jean le Blanc, fils de Laurent, obtient l'autorisation du seigneur de Rochecorbon de protéger sa demeure par des fossés et un pont-levis, en échange, il devait lui fournir un chien couchant tout dressé par an. Selon Georges Collon dans son livre "La Loire tourangelle", la forteresse des La Baume le Blanc pouvait loger quatre cents archers au XVIe siècle.
"C'est en 1582 que Jean hérita de son père de la maison d'habitation. A cette époque, il convient de rattacher la portion de l'édifice dont on a enveloppé alors la tour d'escalier, 
en particulier le vestibule, avec sa remarquable porte aux armoiries mutilées des Le Blanc,
et les curieuses lucarnes. 
Un reste fort intéressant de cette période est une cheminée décorée de fines sculptures et d'incrustations de marbre avec les inscriptions gravées : Ad principem ut ad ignem - Amor indissolu(bilis). Au-dessous est un monogramme formé des lettres entrelacées JB.CA., initiales de Jean Le Blanc et de Charlotte Adam, que M. Pallustre a relevées sans montrer leur rapport avec les différentes phases de la construction du château, et dont M. Bosseboeuf présente un calque.
Il semble que c'est vers ce temps qu'il convient également de placer les peintures qui ornent la grande cheminée du salon au rez-de-chaussée. Au centre on remarque une réprésentation de la vallée de la Brenne avec les divers travaux et plaisirs des champs, le bourg, l'église et le château de Reugny sur le versant du nord. Les côtés de la cheminée sont rehaussés de quatre personnages allégoriques, dont trois femmes et un homme. Celui-ci, en costume de la fin du XVIe siècle, a pour légende : Cineres mediteris et urnam ; la femme, peinte à l'opposé, a près d'elle un Amour avec, au-dessous, l'inscription : Sit tibi surda Venus. [Ces cheminées furent détruites en 1926, voir la fin de l'autre article].
On le voit bien, l'ensemble des constructions, les décorations, ainsi que les légendes, accusent bien tout à la fois les sentiments de goût et d'honneur des seigneurs de La Vallière au cours du XVIe siècle."
Jean Le Blanc meurt sans enfants. La seigneurie passe à son frère, Laurent II, marié en 1577 à Marie Adam, soeur de Charlotte. Leur fils, Jean II de la Baume le Blanc, fut gouverneur de la ville et du château d'Amboise. Marié en 1609 à Françoise de Bauveau, il eut douze enfants parmi lesquels, Laurent III, père de Louise de la Vallière, né en 1610 ou 1611 et Gilles, évêque de Nantes, né en 1616. Marié en 1640 à Françoise de La Coutelaye, il eut trois enfants dont Jean-François marquis de la Vallière en 1643 et François-Louise en 1644.
En sortant du château de la Vallière, on voyait autrefois une butte de terre connue sous le nom de Saut du Moine. Dans les années 1640, un moine y fit, en effet, un saut terrible. Il chevauchait tranquillement vers le château, attendu par le seigneur au commencement de la nuit. Le pont-levis devait être levé dans l'attente d'un ami, mais, par inadvertance  il avait été levé dès le coucher du soleil. Le moine appelle la sentinelle du guet, et tandis qu'on s'apprête à lui donner passage, son cheval impatient le précipite dans les fossés. On eut beau se dépêcher de lui porter secours, on ne retira qu'un cadavre. Cet événement tragique laissa des souvenirs vivaces dans la mémoire du peuple.
Dom Claude Martin, prieur de Marmoutier, dit de Laurent III qu'il "apprit la pharmacie, et fit apprendre la chirurgie à ses valets de chambre pour soigner les pauvres de la campagne, et il fit des actions de charité si éclatantes qu'elles suffiraient pour en faire un livre d'exemple aux personnes de qualité [...]. Quand il entrait en campagne, tout le monde se sentait aussitôt d'un certain respect, comme si l'on eut vu un ange du ciel".
Laurent III, le père de Louise, meurt en 1651. Sa mère se remarie en 1655 avec le marquis de Saint-Rémy, déjà père d'une fille de 11 ans. Avant la mort de son père, la chambre de Louise était sous les combles, et de 1651 à 1655, Louise dormait dans la chambre de sa mère au première étage. Lors du remariage de sa mère en 1655, cette chambre est divisée en deux par un couloir, avec d'un côté la chambre du nouveau ménage, et de l'autre celle de Louise. Puis la chambre de Louise est séparée en deux par une cloison, afin de loger Catherine de Saint-Rémy, fille du nouveau mari de sa mère.
Le frère de Louise, Jean-François, épousa en 1663 Gabrielle Glé de la Cotardais.
En 1667, le domaine est érigé en duché par Louis XIV en faveur de sa maîtresse Louise de la Baume le Blanc.
Jean-François eut quatre enfants dont Charles-François, né en 1670, marquis puis duc de la Vallière en 1723, pair de France,
qui épousa en 1698 Marie-Thérèse de Noailles, à qui il vendit la Vallière en 1736.
De ce mariage naquirent deux enfants dont Louis-César, né en 1708, qui épousa Anne de Crussol.
Une fête donnée au château un soir de juillet 1713 est interrompue par un terrible accident relaté par le curé de la paroisse en ces termes : "Le jour de la St Jacques dernier, il arriva un grand malheur au chasteau de la Valière. Le fermier qui s'appelle Pierre Lambert eut une jambe emportée d'un coup de canon pour avoir voulu tirer lesdits canons qui estoient audit chasteau et les avoir trop chargé pour un bouquet qu'on donnait ce jour à Madame la Commissaire Dubois. Le valeureux Vildosmé, autrement Dubois mon persécuteur, y eut une partie du ventre emportée et mourut trente cinq jours arpès la dite blessure. Despuis ce tems on a vu régner dans la paroisse une paix profonde et on peut dire que dans toute la province il ne s'est pas trouvé une personne qui l'ait regretté".
Louis-César n'ayant pas eu d'héritier masculin, fut le dernier duc de la Vallière.
Avec sa fille Adrienne, le duché tomba en quenouille. Adrienne s'empressa de retrouver un titre ducal, en épousant Louis Gaucher, duc de Châtillon, pair de France. À sa mort en 1762, il laisse deux filles, Amable qui épouse en 1777 le duc de Crussol d'Uzès et Louise qui épouse en 1781 Charles Bretagne, duc de la Trémouille.
Dans un inventaire vers 1790, on trouve un plan :
Le gardien m'a bien dit d'insister sur le fait que le château de la Vallière est un château privé qui ne se visite pas ! Seuls les extérieurs se visitent en août et septembre !

Sources : 
- Base Mérimée
- Mémoires et bulletins de la société archéologique de Touraine (1842 - 1901 - 1992)
- Archives départementales d'Indre et Loire (65J7)
- Eugène le Brun, Les ancêtres de Louise de la Vallière, 1903 
- G. Braux, Louise de la Vallière, de sa touraine natale au Carmel de Paris
- Armorial général de Touraine
- Georges Collon, La Loire tourangelle

vendredi 19 octobre 2012

Reugny : Rue Voltaire

En 1803, le presbytère était composé de : A l'entrée, un salon à cheminée ;
de part et d'autre, une grande chambre de même surface également à cheminée ;
à la suite de la pièce de droite, un cabinet, lui aussi à cheminée ; à côté de la cuisine, deux petits cabinets ;
la grande cour en terrasse est précédée d'une large porte cochère.
Au-dessus est un premier étage où se trouve une chambre à cheminée.
A cet ensemble s'ajoutent une écurie contiguë au bâtiment. Sur le tout s'étalent des greniers en comble.
En dehors, outre deux caves en roc et une écurie, signalée en mauvais état, également dans le rocher, sont des dépendances de quelque importance : un hangar, une grange ; l'une d'elle est dite aux dixmes en mauvais état ; à côté, un hangar ; enfin sous un hangar couvert en tuiles : un four à pain et un four à pâtisseries  On peut penser que ces annexes datent de l'ancien presbytère.
Visite de Reugny par l'abbé Bourassé en 1842 : "A l'extrémité du bourg, dans la direction du château, se trouve une vieille maison de forme singulière, bâtie de briques , qui nous a paru remonter au temps de Louis XI. C'était autrefois une maladrerie. Quelques modillons sont disposés d'une manière originale; M. Guérin en a tracé un croquis. Des armoiries placées dans une maison voisine, sur une plaque de cheminée, nous ont présenté les signes héraldiques suivants : champ d'argent avec une bande dentée de gueules et deux étoiles cantonnées, le tout surmonté d'un casque de chevalier. Nous ignorons le vrai propriétaire de ces armes."
Un bureau de poste est installé en 1876 dans la Grand'maison (la demande en avait été faite en 1858).
En 1879, une cave est découverte sous le presbytère ; un pilier est alors construit pour assurer la solidité de l'édifice et la cave est comblée.
Un bureau télégraphique ("Postes, Télégraphes et Téléphone") est installé dans la Grand'maison en 1892.
En 1907, l'ancienne rue de la Poste devient la Rue Voltaire, la poste ayant été déplacée dans le nouveau local en 1905.
Plan du presbytère de 1908 :
Dans les années 1960, la propriétaire du Navire, Denise Lefèvre, commercialisait sa production viticole sous le nom "La Navire", en référence à un poème de Marguerite de Navarre.

Sources :
- Louis Tricot
- Archives départementales d'Indre et Loire (2Ø194 8 - E dépôt 194 G33)
- Mémoires de la société archéologique de Touraine (1842)
- Rapports et délibérations du Conseil Général d'Indre et Loire (1858, 1876)

lundi 15 octobre 2012

Reugny : Rue Voltaire

Le Navire a surement été construit dans les premières années du XVIe siècle, car il possède un étage en briques (fin du XVe) et une de ses cheminées possède une niche surmontée d'une coquille Saint-Jacques (Renaissance, début du XVIe).
En revanche, plusieurs hypothèses existent sur sa fonction : La plus célèbre est qu'il aurait servi de léproserie. Une chose est certaine, c'est qu'il a servi d'hôpital jusqu'au début du XVIIe siècle. Elle est soutenue par le fait que le médecin de Louis XII et François Ier, François d'Allais, possédait le Château Royal. Ainsi, soit un amalgame a été fait, soit il existait réellement une léproserie, mais cela peut paraître curieux au vu de sa situation entre le bourg et le Château.
Une autre hypothèse soutient que le Navire était en fait le portail d'entrée du Château Royal, mais cela est fort peu probable car les ouvrages défensifs qui existent (canonnière, arbalétrières) sont tournés vers le Château...
Comme chacun y va de son hypothèse, j'y apporte aussi la mienne : Et si le Navire était le vestige d'une enceinte qui entourait le bourg ? Le ruisseau canalisé pourrait être les douves (Tricot parle d'ailleurs d'un document qu'il a trouvé, et où il est question d'un terrain jouxtant "aux fossés" du village), ce n'est pas si rare à cette époque, et le village dépendait directement du roi de France avec le Château Royal ! Louis XII a autorisé l'établissement de foires et marchés en 1503, alors pourquoi n'aurait-il pas autorisé la fortification du bourg ? Mais comme aucun document n'en fait allusion, seules des fouilles permettraient d'éclaircir ce point, et cette hypothèse n'a donc pas plus de valeur qu'une autre...
On observe des armoiries, mais elles ont sans doute été mutilées à la Révolution.
On peut également voir une fenêtre à croisée qui a été murée (on peut encore voir la croisée de l'intérieur).
Dans une cave située à quelques dizaines de mètres du Navire, on trouve des niches, où, d'après la tradition orale, étaient "stockés" les corps des lépreux.
La maison située à côté du Navire ("la Grand'maison") possède un toit à la Mansart du XVIIe siècle, et a surement été fortement restaurée à cette époque. Elle servait de maison au médecin qui officiait au Navire. En 1771, Joseph Pommier en était propriétaire. Après son décès en 1778, les frères Guimier s'en revendiquent la propriété "maison et clauserie nommée vulgairement la Grande Maison, consistant ladite clauserie dans le bâtiment appelé la Grande Maison, grange, écurie, cellier, pressoir, four, caves, cuves, jardin"
Au début du XVIIIe siècle, le curé habite une maison ancienne qu'il tente de consolider et de rénover.
La pose de la première pierre du nouveau presbytère a lieu le 15 mars 1736.
En 1799 le presbytère "est dans un état à n'y pouvoir loger de cochons"
Sources : Archives départementales d'Indre et Loire (C654), Société archéologique de Touraine (1844), Louis Tricot.

dimanche 14 octobre 2012

Chemin de Compostelle

Au Moyen-Âge, la Via Turonensis (un des quatre chemins de France du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle), traversait Neuillé et Reugny. Elle partait de Paris (tour Saint-Jacques) et passait par Chartres, Châteaudun, Vendôme, Montoire sur le Loir, Saint Jacques des Guérets (statue de Saint-Jacques dans l'église Saint-Jacques),
Neuville sur Brenne, Château-Renault, Villedômer (église Saint-Vincent),
Neuillé le Lierre (moulin de Sainte-Croix),
Reugny : ancien château de Boissé
et au Navire.
Chançay, Vernou sur Brenne, Vouvray, Rochecorbon, Tours, puis elle continuait jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle. C'était, à cette époque le chemin le plus utilisé : c'est le seul qui part de Paris, il passe par la cathédrale de Chartres, et bien sûr, pèlerinage très important, le tombeau de Saint-Martin.

samedi 13 octobre 2012

Neuillé : Divers

Le 13 juin 1892, "le conseil municipal fait remarquer que l'assemblée de Neuillé le Lierre qui se tient le premier dimanche de juillet se trouve le même jour que le concours de musique à Tours ; que la fanfare de Neuillé le Lierre qui prend part à ce concours se trouvera par suite absente de la commune ; que dans ces conditions l'assemblée ne pourrait pas avoir lieu et qu'il n'y aurait personne. Pour ces motifs il prie Monsieur le Préfet d'autoriser la commune de Neuillé le Lierre à avancer cette année son assemblée au dimanche 26 juin courant." Le préfet accorde ce changement le 15 juin. Au XIXe siècle, l'embauche des domestique se faisait publiquement, lors d'une assemblée. À Reugny, elle avait lieu le jour de l'Ascension.

Le 28 février 1897, "le conseil municipal prie Monsieur le Préfet de vouloir bien faire reporter au premier dimanche de septembre de chaque année l'assemblée de la commune qui a lieu actuellement le premier dimanche de juillet. L'assemblée actuelle n'a qu'une bien petite importance car elle est la dernière de toutes les assemblées de la région et les travaux de la fenaison et de la moisson ne permettent à personne de se déranger pour y venir. Le conseil municipal pense que si l'assemblée avait lieu le premier dimanche de septembre elle serait mieux fréquentée car les travaux de la moisson seraient terminés tandis que ceux de la vendange ne seraient pas encore commencés." Ce changement est accordé par le préfet le 20 mars 1897.

Il existait une société mixte de tir ("l'Espérance") qui reçut une subvention de 50 francs en 1908.

L'électrification du village débute en 1937.

Sources :
- Archives départementales d'Indre et Loire (8M94)
- Rapports et délibérations du Conseil Général d'Indre et Loire (1908 - 1937).

vendredi 12 octobre 2012

Un temple protestant à Reugny ?

Le 19 mars 1563, l'édit d'Amboise met fin à la première guerre de Religion. Il accordait notamment aux protestants la liberté de culte dans une ville par bailliage. "On désigna d'abord Saint-Avertin pour le bailliage de Tours, et Montrichard pour celui d'Amboise. Mais les officiers de ce dernier s'opposèrent à ce que la ville de Montrichard fût en quelque sorte abandonnée aux protestants. Le lieu de Reugny y fut substitué par arrêt du 20 mai, et la même opposition eut lieu à cet égard, parce que Reugny dépendait du bailliage de Tours. On fut donc obligé de se rabattre sur Limeray."
Pourquoi Reugny fut proposée ? Je n'en sais absolument rien !

Sources :
Chalmel (J.-L.), Histoire de Touraine, 1841.

dimanche 7 octobre 2012

Reugny : Le Moulin de Chareau

Grâce au cadastre de 1819, on remarque que rien ne subsiste de cette époque.
Tous les bâtiments ont donc été construits après 1819. Le bâtiment qui abritait autrefois la roue et les mécanismes est très semblable à celui des autres moulins des environs. 
Ce moulin a la particularité de posséder un lavoir qui est rempli par une source.
Une tranchée fut faite pour le passage de la ligne de chemin de fer Tours-Sargé en 1894, et un pont l'enjambant fut construit pour relier le moulin à la route.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des juifs furent cachés au moulin. Reugny se trouvait à cette époque en zone occupée. Ils ne pouvaient pas sortir et ne furent jamais trouvés par les allemands.
Comme dans la plupart des moulins, la roue et les mécanismes ont disparu. En effet, ils furent récupérés après-guerre par un ferrailleur de Vernou.
Sources : 
- Archives départementales d'Indre et Loire (cadastre)

samedi 6 octobre 2012

Reugny : Le Moulin de Chareau

À la fin du 17e siècle, le moulin appartenait aux seigneurs de la Vallière, qui l'avaient surement acquis avec le fief de Boissé en 1633.
1736 : "Le moulin à bled de Charreau, consistant en maison, grange, estable, ecurie, cour, jardin servant de patureaux, et deux petis aulnay, les quels joigne la rivière de Branne, et entourné de fosse et fausse rivière".
Vers 1790 : "Ce moulin est situé sur la rivière de Bransle et consiste dans les oeuvres dudit moulin ses tournants et ustencils susceptibles d'incendie. La halle dudit moulin avec plancher et grenier sur partie d'icelui. Ensuite de ladite halle côté du couchant deux chambres à cheminées, dans l'une d'elles est un four, un cellier derrière au nord, greniers sur lesdites chambres et cellier. Au nord desdits bâtiments, sur le bord de ladite rivière, deux écuries, greniers dessus, ensuite desdites écuries, une grange. Au couchant desdites écuries et grange, une autre écurie et deux touts à porcs au bout, greniers sur ladite écurie. Tous les murs desdits bâtiments sont construits en moellon et pierres de tailles, à l'exception du pignon de la grange côté du nord, qui est en colombages et torchis, et sont couverts en thuilles."
Sources : Archives départementales d'Indre et Loire (65J7 - 65J50 - H120).

jeudi 4 octobre 2012

Neuillé : Bourg

En 1875, établissement d'une pompe à incendie.
En 1884, des trottoirs et des caniveaux sont construits dans le bourg de Neuillé.
Fusion des deux maisons à gauche de l'église au tout début du XXe siècle :
En 1907, un service téléphonique et un service télégraphique sont installés dans la commune.

Sources : 
- Rapports et délibérations du Conseil Général (1875 - 1884 - 1907).

mercredi 3 octobre 2012

Le Libre Penseur de France

Le Libre Penseur de France est un journal tourangeau Républicain Anticlérical des années 1920-1930. Exemple d'attaque : "Pourquoi les prêtres sont-ils obligés d'enfermer le Saint-Sacrement dans un coffre-fort tous les soirs ? Dieu est donc impuissant contre les attaques de voleurs...", "Pourquoi les prêtres ne peuvent-ils conserver le Saint-Sacrement (hostie) plus de 15 jours ? Parce que passé ce délai, le Dieu eucharistique serait rempli de vers comme un vieux camembert"
On y lit par exemple en septembre 1929 : "À Reugny eut lieu une magnifique réunion publique présidée par notre estimé ami Gustave Chesneaux, le dévoué maire de la commune ; il était assisté des maires de Chançay et de Neuillé-le-Lierre, de l'adjoint au maire de Villedômer, de délégués des communes de Châteaurenault, Monnaie, Vernou et Montreuil ; près de 400 personne s'étaient données rendez-vous. Dame ! nos amis avaient bien fait les choses pour atteindre le succès. Deux questions intéressantes devaient y être traitées, la Section de Libre Pensée de Reugny avait demandé à Emile Noël de traiter la question des Assurances sociales. Il le fit non en critiqueur, mais en observateur très averti, donnant les meilleurs conseils ; il montra le parti catholique s'essayant à accaparer la direction cette loi. Ensuite le citoyen Fumart a longuement traité de l'Eglise et de la Femme et aussi des Missionnaires. Il le fit avec humour, donnant des exemples remplis de vérités. Les deux orateurs obtinrent beaucoup de succès et la libre pensée aussi. Cette section est entre de bonnes mains qui la feront encore prospérer."
En novembre 1930 : "La Fédération d'Indre et Loire a organisé trois conférences avec le concours du citoyen A. Lorulot, avec son sujet : "La Vérité sur Lourdes". La réaction cléricale crevant de rage avait commandé le vide autour de ces réunions. Elles ont eu tout de même un bon succès. Deux catholiques cependant s'essayèrent à la contradiction, l'un à Tours, l'autre à Reugny, tandis qu'ils s'abstenaient à Amboise. Oh ! les pauvres diables ! Ils furent piteux, Lorulot, puis Emile Noël et Fumart, ne leur laissèrent pas le temps de souffler mot, ils remportèrent une veste de mesure. André Lorulot, en maître, possède son sujet, il a réplique a tout, il remporta un beau succès, et maintenant la Fédération va continuer son oeuvre, son travail."

lundi 1 octobre 2012

Un élève de Bretonneau de passage à Reugny

Les Lettres d'un vétéran de l'école de Bretonneau, publiées en 1867, sont un très bon moyen de connaître les méthodes utilisées au XIXe siècle pour soigner les malades. Ces lettres furent, pour la plupart, envoyées au professeur Trousseau par J-F Miquel. Il a soigné plusieurs personnes à Reugny. Je vous invite à lire, c'est parfois... surprenant !
"La fille M... B... vint en 1825 pour soigner sa mère, atteinte de la scarlatine. Celle-ci demeurait au village de la Croix-Blanche, commune de Reugny. Cette fille venait d'une localité distante de quatre lieues, où la scarlatine n'avait point encore paru ; et dès le lendemain, elle était atteinte de fièvre, de mal de gorge, enfin elle avait contracté la maladie de sa mère."
"La femme M..., âgée de cinquante-six ans, demeurant à la Croix-Blanche, commune de Reugny, avait habituellement beaucoup d'embonpoint et le système vasculaire cutané assez développé. Le 9 juin, elle fut prise d'une sévère céphalalgie avec forte fièvre et mal de gorge ; dès le soir même, elle se fit une application de douze sangsues au col ; les piqûres saignèrent abondamment.
Le 10 juin, je la trouve avec la face rouge et animée, les yeux injectés, mais sans maladie des paupières ; son pouls est fréquent et petit, la céphalalgie très vive ; la langue est large, épaisse, blanche ; ses bords portent l'empreinte des dents ; les gencives sont gonflées et couvertes d'une exsudation albumineuse ; les tonsilles sont aussi un peu gonflées et couvertes de mucus ; elles sont peu douloureuses ; la soif est vive ; les envies de vomir sont continuelles ; la peau qui est sèche, rouge et brûlante, n'offre pas encore de papules apparentes ; cette malade se plaint de douleurs insupportables dans les membres et dans les épaules ; elle se plaint aussi d'une sensation de chaleur générale qui la tourmente beaucoup ; elle est allée à la selle sans dévoiement ; l'urine est rare, sans être plus colorée, et ne dépose pas ; il n'y a point de troubles pulmonaires.
Traitement. - Diète ; eau de gomme ; un peu de petit lait coupé, désiré par la malade ; gargarisme astringent.
Le lendemain 11 juin, la peau est d'un rouge brun ; elle est très brûlante ; l'éruption est des plus confluentes : agitation continuelle, plaintes, vomissements souvent répétés, impossibilité de supporter les boissons ; la soif est des plus vives : du reste, même état que la veille.
Traitement. - Boissons légèrement aromatiques ; on applique sur tout le corps des compresses trempées dans un mélange de deux livres d'eau et de deux onces d'extrait de Saturne : cette application est souvent répétée.
Le 12 juin, la malade est tranquille ; elle ne vomit plus, est modérément altérée ; elle se croit dans un autre monde ; son pouls est souple, quoique fréquent ; l'affectation de la bouche n'a pas augmenté. Il ne reste plus à la peau que des papules très distinctes ; mais cette peau n'est plus rouge : au contraire, elle a une teinte bleue qui disparaît sous le doigt ; elle n'est pas brûlante.
Traitement. - Je fais continuer les mêmes moyens ; la malade les demande avec instance, disant que chaque fois que son mari a négligé de renouveler les compresses, elle a éprouvé une cuisson semblable à celle d'une brûlure, et qu'elle se sentait retomber comme dans la journée.
Le 13, je la trouve levée, assise à sa porte et exposée au soleil. Cette imprudence, jointe à la cessation trop prompte des fomentations, firent qu'elle éprouva le soir une partie des accidents du 10 juin ; mais elle fit aussitôt de nouvelles fomentations, entra très promptement en convalescence : peu de jours lui suffirent pour reprendre ses occupations pénibles ; la desquamation fut lente et sans accidents."
"Louis L.. de Reugny, 19 ans, blond, peau vasculaire, taille moyenne, mais de large stature, depuis un mois était valétudinaire par suite d'une irritation gastro-intestinale. Le 11 juin 1825, après avoir dîné copieusement, il fut pris, vers trois heures, d'une forte fièvre avec mal de gorge : ces accidents s'accrurent jusqu'à ma visite du lendemain 14 juin, à huit heures du soir. À ce moment, il était dans une agitation presque continuelle, et se croyait, disait-il, dans un four assez chaud pour cuire du pain. Il avait la peau sèche, d'une rouge brun et complètement couverte d'une quantité infinie de papules miliaires, qui lui causaient une démangeaison excessive. La soif était inextinguible : j'ôtai de ses côtés un plat plein de rôtie au vin blanc, dont il avait bu une quantité considérable, si j'en juge par le liquide qu'il but depuis ce moment jusqu'au lendemain, la soif ayant été la même ; le pouls était petit, serré, excessivement irrégulier et très fréquent, la langue large, blanche, épaisse et très parsemée de petits points rouge, l'intellect sain mais obtus. Il sortait par le nez une quantité considérable d'un ichor fétide ; les tonsilles étaient peu gonflées, rouges ; la déglutition n'était pas très pénible ; il n'y avait point de vomissements, ni de diarrhée ; le ventre était souple, l'urine peu abondante, souple, sans sédiment.
Prescription. - Eau de gomme et eau pannée, dont il boit au moins quatre litres en douze heures ; conseil de rafraîchir l'appartement qui était une véritable étuve où l'air ne pouvait se renouveler. Le malade devait être couvert de compresses d'eau de Saturne, fréquemment renouvelée, à peine tiède : aucune de ces précautions ne fut observée. L'air de cette étuve ne fut même pas renouvelé ; deux seules compresses imbibées furent mises sur le ventre et les cuisses ; la mère, seule garde qui vaquait aux soins de la ferme, fut d'une incurie inconcevable ; ces deux seuls linges ne furent ni maintenus, ni renouvelés.
Le lendemain matin à 8 heures 1/2, je trouvais tous les signes précurseurs de la mort : sens obtus, état soporeux, yeux ternes, chassieux, respiration haute, pouls incapable d'être compté, tant les battements étaient fréquents et irréguliers : même état de la peau, quoique les papules fussent plus saillantes. Je n'ai jamais observé une plus grande confluence, ni éprouvé une sensation de chaleur à la main plus forte en touchant un malade ; point d'autres changements notables. Je couvris moi-même L... de compresses. Il sortit de sa torpeur pour témoigner combien il était soulagé, ajoutant que les linges se réchauffaient beaucoup trop vite. Je recommandai vainement de proportionner les soins au danger et de renouveler souvent les linges. Qu'on juge si cela fut fait : il ne fut pas dépensé deux litres d'eau blanche en dix heures.
À six heures du soir, j'appris que c'était moi qui, en le mouillant, lui avais arraché la dernière plainte. La respiration était stertoreuse, les yeux fixes, les pupilles contractées, la face vultueuse, les extrémités pâles ; la rougeur allait décroissant du corps aux extrémités. Il y avait eu encore une quantité considérable de boisson donnée : le pouls était moins serré, plein. Je titillai la luette et déterminai un vomissement considérable. - Potion éthérée, saignée ; trois heures après, le malheureux avait cessé de vivre."
"Le premier cas fut celui d'un nommé G..., taillandier à Reugny, âgé de cinquante-huit à soixante ans ; ce malade souffrait depuis longtemps d'une sciatique chronique. Les premiers accès se caractérisent par une grande aggravation de sa douleur ; il avait donc une véritable sciatique intermittente double tierce. On lui conseilla un purgatif énergique. Dès ce moment, sa sciatique intermittente fut remplacée par une hémorrhagie intestinale, également intermittente et, quand je fus appelé, il y avait déjà quelques heures que le troisième grand accès avait cessé. J'eus à constater seulement la quantité de sang qui avait été rendu. Je me hâtai d'administrer du quinquina, tout en témoignant la crainte que son administration fût trop tardive. Cette révélation ne fût pas inutile pour mon crédit naissant ; car, à l'heure indiquée pour l'accès suivant, G... mourut comme frappé par la foudre en évacuant du sang et de la lavure de chair."

Sources : 
- J.-F. Miquel, Lettres d'un vétéran de l'école de Bretonneau, Tours, Imprimerie Nouvelle, 1867.