mardi 24 juin 2014

Neuillé : La Roche

La terre de la Roche existait déjà durant la Guerre de Cents Ans, car on trouve trace d'un achat par Guillemette Guigneux en 1365 et par Robert Le Chat en 1366. Elle est donnée en 1388 par Robert Le Chat à Jeanne de Pontlevoy, sa petite-fille, et à Jean Dallée, son mari.
C'est de cette époque que doivent dater les tours d'enceinte.
Elle appartenait en 1540 à François Bouteiller, et en 1558 à Jean Lopin. Selon son propriétaire, elle est alors appelée "la Roche-Bouteiller" ou "la Roche-Lopin".
En 1568, Méry Lopin la vend à Laurent le Blanc, seigneur de la Vallière.
En 1708, un procès-verbal de réparations constatait "qu'il y a plusieurs réparations urgentes à faire aux bâtiments de la Roche : mettre un millier de tuiles à la chapelle, faire trois toises de muraille à chaux et à sable, réparer la porte de la chambre du château qui donne sur le côté du jardin étant à moitié pourrie". La chapelle mentionnée était desservie par un chapelain résidant au Tertre aux Moines.
"Cette terre se composait de la maison qu'occupait le fermier, de laquelle dépendait un pavillon placé au-dessus du grand portail et une chapelle à côté. Le pavillon et la chapelle furent démolis par l'ordre de M. le duc de la Vallière". Le duc dont il est question ici étant surement Charles-François de la Baume le Blanc, cette destruction eut lieu entre 1723, date où il fut créé duc, et 1736, date où il vendit la Vallière à sa femme, Marie-Thérèse de Noailles.
Le bâtiment subsistant de nos jours est donc l'ancienne ferme du château. Elle daterait du XVIe siècle.
1736 : "Domaine consistant en le château et chapelle démoly, il ne reste plus qu'un pety corps de logis consistant en deux chambre, une cuisine et boullangerie, le tout letenant ou le métaier fait apresant sa demeure. Une grange, deux estables, une ecurie, pressoir, une cave, une fuie a pigons, une cour renfermé de deux murailes et jardin aucy renfermé".
Cadastre de 1819
Vers 1790 : "Les bâtiments de cette métairie consistent en deux chambres à cheminée, dans l'une desquelles est un four, un cabinet ensuite, greniers sur lesdites chambres et cabinet, cave solevée dessous. Ensuite desdites chambres et cabinet, un bâtiment dans lequel est un pressoir à roux garni de ses ustencils, grenier sur ledit bâtiment, à l'autre bout desdites chambres, deux touts à porcs. Au levant de ce corps de bâtiments, de l'autre côté du portail d'entrée de la cour, une grange et une écurie au bout. En retour de ladite grange et écurie, côté du midi, trois écuries, greniers dessus. Tous les murs de ces bâtiments sont construit en moellons et pierres de tailles et sont couverts en thuilles."
Sources : Archives d'Indre et Loire (65J76 - 65J7 - 65J50), Dictionnaire archéologique de Touraine (Ranjard), Bulletin de la société archéologique de Touraine (1992, Troupeau), Gérard Troupeau ("Neuillé le Lierre, Une paroisse tourangelle sous l'Ancien Régime").

lundi 23 juin 2014

Les derniers jours de l'hôtel de la Toque-Blanche ?

L'hôtel de la Toque-Blanche, ancien relais de poste royale construit au tout début du XVIe siècle, sera certainement détruit dans les mois qui viennent.
Le propriétaire, après avoir tenté de restaurer cette demeure abandonnée depuis de nombreuses années, songe sérieusement qu'il serait plus simple pour lui de tout détruire et de reconstruire à neuf.
Cette maison, la plus vieille de Reugny, fut construite à l'époque où les rois de France possédaient le Château-Royal. Elle se compose d'un rez de chaussée en moellons et d'un étage à pans de bois auquel on accède par un escalier également en bois (d'origine). C'est ici qu'est le principal problème : le bois est en grande partie pourri suite aux infiltrations d'eau. Le propriétaire estime avoir passé suffisamment de temps sur cette maison et ne veut donc pas s'occuper de travaux de restauration supplémentaires qu'il pense trop importants.
J'ai eu beau lui proposer mon aide et lui dire que des subventions existent, sa réponse demeurait inchangée : "Je ne demande rien à personne, et je ne donnerai rien à personne". Enfin, lorsque je lui précisais que la porte qui bouchait un des trous laissé par le torchis était une porte de la Renaissance, sa réponse fut tout simplement "et alors ?". Cette porte a disparu il y a quelques semaines, avant ma rencontre avec le propriétaire. 
Que faire ? L'hôtel ne possède aucun protection : il faudrait monter un dossier solide pour appuyer le besoin urgent de protection, mais le temps que tout cela soit pris en compte (si on admet qu'il soit jugé assez intéressant), la maison aura déjà été détruite.
La maison voisine (à gauche), qui faisait à l'origine partie du même ensemble, sera certainement mise à mal par cette destruction, car elles sont imbriquées les unes dans les autres...
En ce moment, une maison assez importante pour accueillir deux locataires est en construction derrière le bâtiment, histoire de rentabiliser cet investissement. Il semble n'y avoir aucun espoir de voir restauré cet hôtel, et il s'écroulera tout seul si les propriétaires continuent de creuser les murs...
C'est ainsi que va disparaître la plus vieille maison de Reugny, construite en même temps que le Navire, et témoin avec ce dernier de la présence de François d'Alais, médecin de François Ier, qui demeurait au Château-Royal.
Etat en août 2013

samedi 14 juin 2014

Neuillé : La Gloisière

La Gloisière était un fief dépendant de la châtellenie et de l'abbaye de Fontaines les Blanches à Autrèche.
Au XVIe siècle, la Gloisière, qui appartenait à la famille Coustière, passe à la famille Morillon par le mariage de René Coustière avec Jehan Morillon. La construction du logis remonte à 1530. Seule la partie gauche du bâtiment était habitée, très sombre et ouverte d'une seule petite fenêtre. C'est l'un des derniers exemples de ferme tourangelle typique.
De cette époque, il subsiste également une grange couplée d'une chambre à cheminée et four à pain. La chambre servait peut-être de logement à une autre famille qui travaillait dans la ferme.
En 1787, elle appartenait à Urbain Deshayes, foulon du moulin du Grand-Villiers.

Sources : 
Gérard Troupeau, Neuillé le Lierre, Une paroisse tourangelle sous l'Ancien Régime
Armorial général de Touraine.