jeudi 29 novembre 2012

Reugny : Rue Nationale

La majorité des maisons de cette rue date du 19e siècle.
C'est une rue qu'on pourrait qualifier de "cosmopolite", dans la mesure où des maisons de personnes plutôt pauvres (comme sur la photo précédente) côtoient des maisons de commerçants un peu plus riches à un étage,
ainsi que des maisons bourgeoises, comme celle-ci de style néo-classique (ou comme la Mairie, située près de cette maison).
En 1868, "la chaussée de la route départementale n°19 est complètement usée dans la traverse de Reugny. Il ne reste plus guère que la fondation et les caniveaux, qui se trouvent plus élevés, ne peuvent recevoir les eaux, en sorte qu'elles coulent sur l'empierrement et contribuent à le maintenir en mauvais état. Pour rendre à la chaussée son bombement normal, il faut une fourniture de 150 mètres c. de pierre cassée".
En 1888, les caniveaux sont reconstruits dans la traversée de Reugny. 
En 1907, la Grande-Rue devient la Rue Nationale.
La première maison à gauche de la carte postale sera frappée d'alignement dans les années 1950.
On remarque plusieurs maisons du style architectural Art Nouveau, qui fut actif au début du XXe siècle. 
Il se caractérise par ses formes géométriques.
Carte postale du début du 20e siècle, la maison n'est pas encore construite.
Cette rue conserve une plaque Michelin des années 1930.
Sources : 
Archives départementales d'Indre et Loire
Rapports et délibérations du Conseil Général d'Indre et Loire (1868 - 1888)

samedi 24 novembre 2012

Sainte-Barbe de Reugny le 24/11/2012

Passation de commandement de la caserne de pompiers, remise de galons... Les photos ici.

jeudi 22 novembre 2012

La Brenne : Synthron

L'usine chimique Protex s'implante en 1953 à Auzouer. Elle fabrique des produits auxiliaires pour l'industrie textile et emploie 150 personnes.
Depuis son implantation, elle était très polluante : cinquante-six cas de pollutions avaient été relevés jusqu'en 1987. Le 8 juin 1988, à 3h20 du matin, une partie de l'usine brûle
et 539 t de produits partent en fumée
ou dans le Brenne avec l'eau des pompes à incendie.
La Brenne et la Cisse devinrent marron.
À partir de 9 heures, on dénombre vingt-cinq espèces de poissons tués par le phénol et le cyanure.
Le 9 juin au soir, la Loire étant atteinte, l'eau dut être coupée à Tours et pour une partie de l'agglomération ; elle ne sera rétablie que le 18 juin. Depuis cet événement, l'usine est surveillée, mais elle n'est toujours pas aux normes en ce qui concerne l'épuration des eaux...

Sources : S.E.R.I.A., Tourainevacances (photos), Dictionnaire des communes de Touraine.

mardi 20 novembre 2012

La Première Guerre Mondiale

À Neuillé : "Monsieur le Président donne lecture de l'état de répartition établi entre les prestataires de la commune pour le contingent de vin à fournir (sur la récolte de 1917) à l'armée."
Le 17 janvier 1918, le conseil municipal de Neuillé doit rationner la population en pain. Il décide "de constituer une commission spéciale chargée d'étudier le meilleur moyen à employer pour que la restriction se fasse volontairement et sans incidents".
En mai 1918, il "expose que parmi les réfugiés une famille composée de trois enfants est arrivée dans un état misérable et qu'il y avait lieu de lui attribuer un secours. Le conseil municipal attribue à l'unanimité un secours de 60fr à la famille Floiquin." Le même jour une commission est créée pour trouver des logements aux réfugiés.

Lettre de 1918 au maire de Reugny : "Je vous prie de vouloir bien, avec tous les ménagements possibles dans la circonstance, prévenir M. Roquin Pierre habitant votre commune de la mort du 2e cc Roquin Charles Aimé à l'hôpital complémentaire 3 à Guéret le 14 octobre 1918 suite de maladie.
Mort pour la France.
Je vous serais très obligé de présenter à la famille les condoléances de M. le Ministre de la Guerre et me faire connaître la date à laquelle votre mission aura été accomplie."
Il y a aux archives d'autres lettres de ce type, avec toujours la mention : "Nous vous prions de nous aviser sitôt que la pénible mission dont nous vous chargeons aura été remplie par vos soins."
On trouve également la liste des personnes blessées demeurant à Reugny : "Brédif Louis, 34 ans, vigneron : amputation du bras gauche", "Simier Louis, 24 ans, maçon : mortilation du pied gauche", "Boullain André, 32 ans, domestique : éventration par un éclat d'obus", "Baron Léon, 25 ans, cultivateur : blessure par mitrailleuse au ventre et au bras gauche", "Boiré Henri, 35 ans, jardinier : amputation de 8 phalanges au pied", "Choisnard Désiré, 36 ans, cultivateur : blessure à l'épaule gauche par éclat d'obus", "Geuvron Joseph, 56 ans, journalier : amputation du bras gauche"...

Après la guerre, outre la construction de monuments aux morts, des fêtes sont organisées. À Neuillé "le conseil décide qu'une somme de 400 francs sera inscrite au budget 1920 et versée pour faire la fête des poilus".
Sources : 
Archives départementales d'Indre et Loire (E dépôt 194 Q9)
Registre de délibérations du Conseil municipal de Neuillé

dimanche 18 novembre 2012

Un violeur à Neuillé en 1728

"Procès verbal de capture et d'emprisonnement de Nicolas Laigneau et plainte :
Aujourd'hui, deuxième jour d'avril 1728 [...] sur l'avis à nous donné et la plainte à nous faite par la nommée Jeanne Mabille, veuve Jacques Gaudin, demeurant au hameau de Vaubrault, paroisse de Nazelles, que le lundy 29e jour du mois dernier, sur les trois heures du soir, gardant ses bestiaux le long du chemin qui va de Nazelles à Vaubrault,
elle fut attaquée par un homme à elle inconnue qu'elle a appris depuis être le nommé Nicolas Laigneau demeurant au lieu du petit Morié parroisse de Neuilly le Lierre, lequel lui demanda le chemin de Baudé [...] et à l'instant le dit homme se jeta sur elle et se mit au devoir de la violer et insulter, la dite Mabille défendre autant qu'elle le put, il la mit tout en sang et lui pressa si fort l'estomac qu'elle demeura presque évanouie sur la place et étant sur [??] plusieurs personnes qui la trouvèrent en cet état ils arrêtèrent ledit Laigneau, le retinrent quelques temps, lequel convint de l'action cy dessus qu'il venait de faire disant qu'il fallait qu'il fut [??] ou que le diable le posséda pour avoir commis une pareille action. Ce que ayant appris nous nous sommes transportés au lieu du Petit-Morié situé en la paroisse de Neuilly où ledit Laigneau fait sa résidence, y étant arrivés sur les 4 heures du matin, sommes entrés dans ladite maison et avons saisis ledit Laigneau au corps, l'avons fait et constitué prisonnier et [??] conduit au logis de ladite Mabille veuve Gaudin, qui l'a reconnu pour être le même qui l'a insulté sur le grand chemin de Nazelles à Vaubrault ledit jour 29 du mois dernier, et ledit Laigneau reconnu ladite Mabille veuve  Gaudin pour être celle qu'il a eu le malheur d'insulter ledit jour, dont il lui a demandé pardon en notre présence, ladite Mabille se plaignant beaucoup d'une oppression d'estomac qu'elle a toujours ressentie [...] qui lui empêche la respiration bien qu'elle ait été soignée à ce sujet par le sieur Perrin chirurgien habitué au bourg de Noizay, ce fait avons continué notre marche et conduit ledit Laigneau en prisons royaux de cette ville d'Amboise...". Je crois que la prison se trouvait au château à cette époque...
Rien ne nous dit s'il y est resté longtemps, et on ne sait rien sur ce qu'il est arrivé à Jeanne Mabille.
Sources : Archives départementales d'Indre et Loire (3B14).

mardi 13 novembre 2012

L'invasion prussienne de 1870

Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Le 31 août, l'armée française capitule à Sedan et Napoléon III est fait prisonnier. Le 4 septembre, la IIIe République est proclamée ; un gouvernement de la Défense nationale est alors mis en place sous la présidence du général Trochu. Paris est assiégée et les troupes prussiennes avancent sur le territoire français, l'occupant peu à peu. Le 7 octobre, Gambetta quitte Paris pour Tours en ballon.
Dans la soirée du 19 décembre 1870, l'armée prussienne entre en Indre et Loire par Château-Renault. Munis d'une cinquantaine de canons, plus de 20 000 soldats ennemis prennent position dans la ville.
Le 20 décembre, les soldats de Brunswick, au nombre de 2 000, font halte avec leur artillerie dans les rues de Reugny et s'y installent pour déjeuner.
Un témoignage nous décrit les évènements "... Mardi matin, le corps d'armée ne tarda pas à défiler muni de cinq pièces de canons avec leurs caissons et fourgons qui ont stationné environ 2 heures devant notre porte et pendant ce temps on entendait gronder les canons et la fusillade car un combat avait lieu [...]. Et pendant ce temps-là les soldats allaient voler partout où ils pouvaient jusqu'à se permettre de déchausser les hommes afin de prendre leurs souliers. Enfin, ils sont partis en annonçant qu'ils devaient en venir 1 500 le même soir."
Le capitaine Sansas, qui se trouvait à Vouvray le 20 décembre, écrit dans son rapport "qu'une colonne ennemie composée d'un régiment bavarois avec six pièces d'artillerie et 150 cavaliers occupait Reugny".
Sur ordre du général Pisani, les troupes françaises se mettent en route vers Monnaie où est engagée la bataille qui ouvre la route de Tours à l'armée prussienne, livrant les villages alentours à l'ennemi. Après la bataille de Monnaie, l'armée prussienne se dirigeant vers Tours cherche des campements pour la nuit du 20 au 21 décembre 1870.
Le témoin écrit que "vers 6 heures on frappe à toutes les portes. Ceux qui n'ouvraient pas, on les défonçaient." Il s'agit du bataillon de Westphalie, qui séjourne à Reugny jusqu'au matin du 22 décembre.
Au matin, une partie de l'armée ennemie gagne le haut de la Tranchée d'où la ville de Tours est bombardée sans sommation. Cette attaque fait une dizaine de victimes. Cependant, la canonnade est interrompue par l'intervention courageuse du maire de Tours, Eugène Gouïn.
L'invasion redoutée n'a pas lieu ce jour-là car l'armée prussienne reçoit l'ordre de se concentrer dans la région de Blois pour faire face à une offensive de la garnison de Paris. "Jeudi matin, tout est parti pour Blois et tous ceux qui étaient à Monnaie ont passé par le rue du pont. Pendant au moins 5 à 7 heures durant, cela n'a pas cessé ; on évalue au moins à 25 mille hommes. À la fin tous les pillards [...] ont passé volant toutes les maisons, cherchant dans les meubles, prenant tout ce qui leur convenait...". 
Cependant, un mois plus tard, le 19 janvier 1871, les prussiens entrent à Tours qui restera occupée pendant sept semaines.
Les reugnois ne sont pas au bout de leurs peines : la veille de l'occupation de Tours, la brigade du général Hartman, composée de 4 000 hommes, fait halte dans le village pour y déjeuner avant de se diriger du Tours par la route de Vouvray. Jusqu'au 8 mars, après la capitulation de Paris le 29 janvier 1871 immédiatement suivie de la signature de l'armistice à Versailles, les troupes ennemies établissent à plusieurs reprises leur cantonnement à Reugny qui paiera un lourd tribut pour cette guerre : l'occupation prussienne aura été de 30 jours et les habitants de Reugny auront fourni 8 595 journées de nourriture aux soldats. Le montant de la somme allouée à la commune, à titre de dédommagement, s'élève à 9 147, 32 F de l'époque.
On trouve aux archives toutes les demandes de dédommagement des habitants, avec la liste de ce qui a été volé ou pillé par les prussiens. Par exemple au château de la Vallière, on dénombre "60 bouteilles de vin de Bordeaux à 1f l'une, 800 bouteilles de vin bouché rouge et blanc de 1858 et 1861, une pendule et deux tableaux, foncé une persienne et la glace pour entrer au château, huit couvertes de lit..." pour un total de 1606 francs. À Colas Sylvain Brossillon : "une vache de 5 ans, un mouton, 4 poules",  du pain, des pommes de terre et deux chemises, pour un total de 244 francs...

Bibliographie :
- Ingo Fellrath et Francine Fellrath-Bacart, La guerre de 1870-1871 en Touraine, un nouvel éclairage, L’Harmattan, 2011.

Archives :
Archives départementales d'Indre et Loire :
E dépôt H14
- "En Touraine, Je me souviens. Reugny.", brochure éditée par le Conseil Général d'Indre-et-Loire en 1996.

vendredi 9 novembre 2012

Reugny : Le lavoir de Mélotin

Le lavoir de Mélotin est construit en 1888.
En 1889, "le sieur Méchain Bruneau, domicilié à Reugny, déclare par ces présentes, abandonner à titre purement gratuit le terrain sur lequel est planté l'ormeau, situé près le lavoir de Mélotin, lequel devient dès lors terrain communal de même que celui sur lequel le lavoir est construit".
Le lavoir est alimenté en eau par une source et est séparé du ruisseau par un mur. Le pont est construit au 19e siècle.
À côté du lavoir, on remarque une pompe à eau de la même époque.
Sources : 
Archives départementales d'Indre et Loire (E dépôt 194 M6)

samedi 3 novembre 2012

Reugny : Le Château de la Vallière

Sur le cadastre de 1819, on remarque deux bâtiments nouvellement détruits, et qu'un bâtiment servant de "serre bois" et "poulailler" était collé au pigeonnier.
On le voit sur cette lithographie réalisée vers 1825 (Collection de la SAT, DF Tn 233) :
À la mort de la duchesse d'Uzès en 1841, sa fille Alexandrine, veuve du marquis de Rougé, devient propriétaire du domaine.
Bâtiment construit en 1842 pour servir de cuisine.
L'abbé Bourassé publie La Touraine en 1855. Cet ouvrage est agrémenté de 180 gravures sur bois, dont une du château de la Vallière. On remarque que le puits est abrité par un petit bâtiment en bois.
Ce bâtiment est construit entre 1855 et 1866 par Mme de Rougé.
Au décès d'Alexandrine, le 6 avril 1866, le château revient à Jean de Rougé, son petit-fils.
Photographie d'Alexandrine sur son lit de mort
et photographie de sa chambre (1866 ).
En 1868, dans Promenades pittoresques en Touraine, l'abbé Chevalier décrit le château ainsi :"La partie principale du château a disparu, et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une porte crénelée du XVe siècle, les traces d'un pont-levis, et un pavillon de la fin du XVIe siècle, le tout peu intéressant, malgré les peintures qui ornent les solives des appartements. Le nom seul de la Vallière conduit le voyageur sensible à ces débris mutilés." "Sensible" est en italique dans le texte original.
En 1872, Jean de Rougé cède le château à Thérèse Charlier de Gerson, veuve de la Motte. C'est donc à cette date que les descendants de Laurent le Blanc, qui avait acheté le château en 1542, cessent d'habiter le château. Au XIXe siècle, la fuye est aménagée en chapelle, et le bâtiment servant de serre-bois et de poulailler est détruit.
La comtesse de Montessuy l'achète en 1884 "pour y installer son fils, un pauvre dément, qu'elle ne voulait jamais quitter bien qu'il l'eût en haine. Fille du mariage morganatique d'un prince de Wurtemberg avec une française, elle avait épousé le comte de Montessuy. C'est à Bruxelles, où son mari occupait le poste de ministre plénipotentiaire, que son fils resentit les premières atteintes du mal dont il ne devait pas guérir. Nous le rencontrions souvent se promenant en landau fermé. Il était accompagné de deux frères de Saint-Jean-de-Dieu à stature colossale, qui ne le quittaient pas des yeux et semblaient toujours prêts à bondir sur lui. Il avait l'air doux et triste et portait toujours à la main un bouquet destiné à la reine Victoria, dont il se croyait aimé. À la Vallière le second étage avait été aménagé pour lui et ce n'étaient partout que fenêtres fermées à clef, barreaux et grillages, car des accès de folie furieuse s'emparaient de lui. On disait que sa mère, ne pouvant se passer de le voir, avait fait mettre dans un coin de la chambre où il couchait une cloison mobile, d'où elle pouvait le contempler sans qu'il s'en aperçût. Malgré cette épreuve, Mme de Montessuy, en grande dame qu'elle était, gardait un visage serein et aimable et s'interdisait de projeter sur autrui la moindre ombre de se tristesse personnelle."
Le domaine est vendu au baron de Dammartin en 1903.
Les armoiries (simplifiées) et la devise des de La Baume le Blanc ont été utilisées au début du 20e siècle pour décorer la porte d'entrée du bâtiment du 19e.
En 1921, Dammartin vend le château à M. de la Verteville.
En 1926, il fait détruire les peintures du XVIe siècle du rez-de-chaussée, dont celle où apparaissait le château royal (personne ne sait à quoi il ressemblait) et il la remplace par ses armoiries !
Une photographie de cette peinture avait été prise en 1901 par la Société archéologique de Touraine, mais elle fut détruite en juin 1940 lors de l'incendie de la bibliothèque de Tours, provoqué par les obus incendiaires allemands...
On remarque un portrait de Louise de la Vallière des années 1920, copie d'un tableau qui se trouve à Versailles.
En 1948, le château est la propriété du colonel et de Mme Bazin de Jessey. 
Il est inscrit Monument historique en 1977.

Sources : 

- Archives départementales d'Indre et Loire (65J258)
- G. Braux, Louise de la Vallière, de sa Touraine natale au Carmel de Paris, C.L.D., Paris, 1981.
- Magazine de la Touraine (07/1996)
- C. Chevalier, Promenades pittoresques en Touraine par l'abbé Chevalier, Mame, Tours, 1869.