mercredi 18 avril 2012

Neuillé : L'Eglise

Dans l'épaisseur du mur sud de la nef, une piscine destinée à recueillir l'eau des ablutions fut creusée.
Au début du XVIIIe siècle, une litre seigneuriale (bande dans laquelle les armes du seigneur étaient peintes, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'église) existait sur les murs de l'église de Neuillé, mais l'on ne savait plus à quels seigneurs appartenaient les armes qui y figuraient. En fait, ces armoiries étaient celles de Louis de Lavardin, seigneur de Rasnay et Boissay, qui avait acquis le fief de Bourot en 1542, et celles de sa femme Charlotte du Bec.
Le 5 décembre 1606, Laurent III Le Blanc, seigneur de la Roche et de la Vallière, offrit à l'église des parements d'autel. Ils furent raccommodés en 1654, et un ais de bois fut façonné et appliqué au pied du grand autel pour "conserver les parements" en 1656.
Des modifications furent effectuées sur l'intérieur du choeur au XVIIe siècle : on construisit une voûte en pierre faite d'un berceau en plein cintre reposant sur deux arcades en plein cintre, appliquées le long de ces murs et séparées par un pilier central placé au niveau des meurtrières.
Sous les arcades du mur sud, on perça deux nouvelles fenêtres, une de chaque côté du pilier central qui obturait l'ancienne meurtrière.
Sous une arcade du mur nord, on perça une porte
pour aller dans la sacristie qui fut construite à la même époque.
La voûte vue de dessus :
En 1686, on installa, sous l'arcade qui sépare la nef du choeur, quatre stalles, deux de chaque côté du passage donnant accès au choeur. Elles sont actuellement placées à l'entrée de l'abside.
Le 27 octobre 1696, "À comparu en sa personne, Mre René Bonnette, prieur curé de Neuilly le Lierre, qui a remontré que peu de temps avant son décès, défunt Mr de Forge, seigneur de la seigneurie de Forge, paroisse dudit Neuilly, lui donna un calice d'argent vermeil pour l'obliger à prier Dieu pour le repos de son âme, en sorte que ledit calice appartient sans contredit au sieur Bonnette ; mais comme il a une entière connaissance que l'église dudit Neuilly est en mauvais état de réparations, qu'il y a tout à craindre qu'elle tombe en ruine si l'on ne la fait pas promptement réparer ; qu'il connaît d'ailleurs les habitants fort pauvres qui ne pourraient sans faire un puissant effort payer lesdites réparations, de quoi ils ne pourraient ni voudraient se dispenser ; pourquoi ledit sieur Bonnette, pour d'autant plus faire voir le zèle qu'il a pour que l'église soit bien entretenue, et pour autant qu'il lui est possible décharger les habitants de ladite réparation, il a déclaré qu'il veut bien donner ledit callice pour être vendu et les deniers en provenant être employés aux réparations les plus grosses de ladite église".
Les traces d'une porte qui a été murée sont visibles sur le mur sud de la nef. Jusqu'en 1709, date où elle fut bouchée, cette ouverture donnait accès au cimetière entourant l'église.
La fenêtre de la façade fut obturée en 1728.
En 1736, Michel Cliquebault, procureur-fabricier, paye "au sieur Brocard, maître fondeur, la somme de 30£ pour avoir fondu une des cloches de l'église".
En 1757, la fabrique disposant d'un excédent important, décida de faire construire un nouveau maître-autel, et demanda à André Bongard, menuisier à Vernou, un devis descriptif, dont voici une partie : "La menuiserie sera faite de bois de chêne vieil et travaillé suivant le plan tiré ; elle sera de couleur de pierre peinte. [...] Le sculpteur sera tenu de faire un Saint Esprit avec sa gloire et nuages dans le couronnement ; deux consoles garnies de sculptures ; un pélican dans le milieu de la porte du tabernacle ; l'empattement du crucifix sera sans sculpture ; peindra tout l'autel en deux couches ; une double croix de Malte au milieu du devant de l'autel en menuiserie ; peindra le parement ; fera le tableau sur toile où sera représenté Jésus Christ donnant les clefs à saint Pierre, avec un chérubin ; peindra tout l'autel, tabernacle et gradin en dorure  d'huile ; le marchepied de l'autel sera poli et ciré ; le tabernacle sera doublé de Damas couleur de feu ; [...] l'exposition sera de quatre colonnes tournées et cannelées, avec un petit chapiteau au dessus ; une couronne prendra sur les quatre colonnes, qui sera redoublée par dessus de quatre colonnes qui porteront une fleur de lis à quatre faces..." De ce maître-autel, il ne subsistait plus que "la niche pour l'exposition" dans les années 1990 car il fut détruit en 1855. Aujourd'hui, seul le "petit chapiteau au dessus" subsiste dans la sacristie. Il est en assez mauvais état.
Le tableau du Baptême du Christ est de la fin du XVIIIe siècle.
À la fin du XVIIIe siècle, l'assemblée des habitants se réunissait sous la galerie-porche en charpente reposant sur quatre piliers, aujourd'hui disparue, mais dont subsiste la marche de pierre sur laquelle montait le syndic ou le procureur-fabricier.
Le 24 mai 1789, Urbain Buré fit un marché avec Pierre Feuillastre et Claude Régnard, charpentiers-couvreurs de Château-Renault et de Noizay, par lequel "ils s'obligent solidairement faire, construire et monter toute la charpente qui est à faire à la dite église, 
faire et construire le clocher sur ladite église, 
couvrir ladite église en tuiles et ledit clocher en ardoises".
À cette occasion, une petite porte est percée pour y accéder.
La paroisse formait jusqu'en 1789 un prieuré cure dépendant de l'abbaye de Saint Georges des Bois dont les titulaires chanoines réguliers de l'ordre de Saint Augustin furent inhumés dans le choeur.
Sources : 
Robert Ranjard, La Touraine Archéologique.
Gérard Troupeau, Neuillé le Lierre, Une paroisse tourangelle sous l'Ancien Régime

4 commentaires:

  1. Très beau billet Guillaume. Bien documenté. Continue, tu vas concurrencer Matfanus...

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    1. Merci ! Avoir des photographies d'endroits inaccessibles aide à rendre le billet plus attractif...

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  2. Article très intéressant. J'ai visité à deux reprises cette église et je n'avais pas remarqué les stalles en bois. As-tu vérifié s'il y avait des sculptures sous les sièges ?

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