Chançay : Le Château de Valmer

Le fief de Valmer appartenait en 1500 à Macé Binet, le fils de Jacques Binet. Il était très considéré à la Cour de Rome, et le Pape concéda par une Bulle à lui et ses descendants la permission "d'avoir des autels portatifs, manger de la viande les jours défendus avec six personnes à leur choix". Il se marie avec Jeanne Briçonnet, fille de Jean et de Catherine de Beaune-Semblançay. C'est à cette époque qu'est construit le pigeonnier.

On y compte 1339 boulins, 3000 pigeons pouvaient y loger. Il a conservé sa double échelle inclinée qui permet d'avoir accès aux boulins.

En 1524, Jean Binet, son fils, maître d'hôtel du roi de Navarre, fait construire le château (qui ressemblait beaucoup au château de la Côte)

et fait creuser la chapelle troglodyte.

Elle fut consacrée le 28 novembre 1529 par Jacques Hurault, évêque d'Autun. Une plaque de cuivre relate la fondation et la consécration de la chapelle en 1529.

On remarque une statue de la charité de Saint-Martin datant des années 1530 (restaurée en 2012),

deux vitraux de la même époque représentant la guérison d'une possédée

et le miracle de l'araignée. Ils ont été achetés au 19e siècle chez un antiquaire par le propriétaire M. Lefèvre.

Une clé de voûte est aux armes des Binet.

En 1562, une troupe de protestant se rendit à Valmer, qui appartenait alors à Jean Coustely, maire de Tours. Ils pillèrent le château, et, s'étant saisis de la fille du maire, ils la contraignirent, en lui chauffant les pieds, de leur dire où son père avait caché son or et sa vaisselle d'argent. Ce trésor avait été dissimulé par le régisseur dans la fuie ; le secret en fut dévoilé par le maçon qui ferma la cachette. Ce dernier raconta qu’on l’avait mené au travail les yeux bandés mais qu’il retrouverait l’endroit car il avait entendu des pigeons en grand nombre roucouler durant sa besogne. C'est ainsi qu'ils purent s'emparer de toute la vaisselle et de 630 écus.
Jeanne Binet est inhumée dans la chapelle en 1579.
Claude Coustely, conseiller au Parlement de Normandie, en est propriétaire en 1603.
Il le vend à Thomas Bonneau, conseiller d'Etat, le 23 mai 1640. C'est lui qui construisit le portail d'honneur,

les communs,

les jardins à la française en terrasses,

les deux fontaines faisant face au château sont également de cette époque,

tout comme l'ordonnancement actuel des jardins,

ainsi que le pavillon du Petit Valmer avec la nouvelle chapelle.

En effet il trouvait la chapelle primitive creusée dans le roc trop humide et trop sombre. Une plaque dans l'ancienne chapelle autorise son déplacement. Il fit bénir la nouvelle chapelle le 25 octobre 1647 par le curé de Reugny.

Il modifie la fuye en ajoutant quatre lucarnes, dont une porte la date de 1650 et le monogramme AR.

Une de ses constructions n'existe plus aujourd'hui : il s'agit de la façade arrière du château, qui a brûlé dans l'incendie de 1948 (dont nous parlerons dans le prochain article) :

Thomas Bonneau fait aussi appel à un grand sculpteur : Jacques Sarrazin, à qui l'ont doit de nombreuses œuvres aujourd'hui au Louvre ou à Versailles. C'est lui qui sculpte la statue en marbre blanc représentant les Amours de Jupiter et Léda, ou Léda et le cygne, qui se trouvait sur la terrasse éponyme.

Cette statue n'est plus à Valmer : elle est depuis 1980 au Metropolitan museum of Art de New-York, après avoir quitté Valmer vers 1905.

Les communs ont la particularité d'être couverts d'ardoises du côté du château, et de tuiles du côté de la cour intérieure de la ferme. Cela s'explique par le fait qu'avoir des toits en ardoises était signe de richesse à cette époque. Les nobles visiteurs des seigneurs de Valmer ne voyaient donc que la partie des communs qui était couverte d'ardoises, et pensaient que tous les communs en étaient couverts !

Et pour finir avec le 17e siècle, on peut citer tous les portails des jardins et du parc.

Parc qui a d'ailleurs conservé son ordonnancement originel comme on peut le voir sur ce plan de 1695.

Etienne-Dominique Chaufourneau, trésorier des gardes suisses du roi, en est propriétaire en 1691.
En 1703, Gatien Pinon, trésorier de France à Tours, en devient propriétaire. Marie Douault, sa femme, eut sa sépulture dans la chapelle le 8 janvier 1735. Gatien Pinon mourut le 5 octobre de la même année.
Dans une description du château datant de 1736, on peut remarquer que le parc et les jardins étaient "garnis de bancs propres et peints",

qu'on pouvait voir "plusieurs cabinets couverts d'ardoises" dont il ne reste absolument rien aujourd'hui, et que le premier étage du château était relié à la terrasse supérieure par un "pont-levis". On peut d'ailleurs le voir sur cette aquarelle de 1695.

M. Duvelaer, commandant le port de Lorient, en devient propriétaire en 1736.
Le fief appartient à Nicolas Chaban, administrateur des postes et relais de France, en 1746.
Sur la terrasse du château on peut voir un vase décoratif de jardin du 18e siècle. Il n'est pas d'origine : il proviendrait de la région de Metz et aurait été rapporté dans la deuxième moitié du 19e siècle par les propriétaires de Valmer qui avaient des liens familiaux avec l'Est.

Marie Chaban, femme de Jacques Valleteau de Chabrefy, écuyer, en est propriétaire en 1763.
Thomas Valleteau de Chabrefy, président, lieutenant général au bailliage de Touraine, est propriétaire de 1766 à 1789.
Dans la chapelle, on remarque une Sainte-Cécile de la fin du 18e siècle.

Sources : Carré de Busserolle (Dictionnaire d'Indre et Loire), http://www.chateaudevalmer.com, Base Mérimée, Dictionnaire des communes de Touraine, Georges Collon (La Loire tourangelle), Vieux logis de Touraine (André Montoux), Société archéologique de Touraine (photo du château - 2001), J. Vacquier (Les Anciens châteaux de France), Histoire généalogique de la noblesse de Touraine.